Alors que dans les Alpes maritimes, le préfet impose le paramètre de la disponibilité de la ressource en eau dans les documents d’urbanisme, le rouleau compresseur de l’artificialisation des sols continue sa marche dans les P.O. « Tout va très bien Madame la Marquise… ». Le 2 juillet 2024, le Schéma de cohérence territoriale de la plaine du Roussillon (SCoT) des 77 communes, dont les 36 de Perpignan Méditerranée Métropole, a été adopté à l’unanimité des élus présents, sauf six abstentions dont 4 délégués de Roussillon Conflent.
D’ici 2037, sont prévus 818 nouveaux ha à bétonner et 35 500 logements supplémentaires. La raréfaction de la ressource de l’eau semble être passée à la trappe, malgré les recommandations de la Mission Régionale d’Autorité Environnementale (MRAE), et les alertes de l’hydrogéologue catalan Henri Got. Connaissant bien la situation hydrologique du département, ce dernier s’alarme des 2 millions de m3 d’eau supplémentaires nécessaires aux milliers de nouveaux habitants (des retraités au soleil?) alors que la sécheresse perdure ( mes infos Occitanie, mai 2024) et risque de s’accentuer dans les années à venir avec le dérèglement climatique.
Ressources en eau Pyrénées orientales 2024
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L’adoption de ce SCoT prouve que les pratiques politiques locales n’ont toujours pas rompu avec la logique de l’urbanisation sans conditions environnementales. Ici la sobriété foncière, on ne connaît pas. Le président de l’Association des Maires reconnaît, dans une récente interview (mes infos Occitanie, mai 2024), la consommation excessive des terres qu’il évalue à environ 22 500 ha en quatre décennies sur les 411 600 ha du département. Notons, toutefois, une petite erreur sur le chiffrage de la dernière décennie à 1 900 ha au lieu des 2 356 ha (2011-2023) d’espaces consommés.
En effet :
Détails des espaces consommés du 1er janvier 2011 au 1er janvier 2023 selon le portail de l’artificialisation des sols (développement-durable.gouv.fr).
Le secteur habitat est le plus élevé en consommation d’espaces
(1343 ha). Le SCOT établit une projection de la croissance annuelle de la population à 0,7 % alors que l’INSEE constate une baisse de croissance de la population depuis 2014 de +0,6 %. Toujours, selon l’INSEE, la population va augmenter de moins en moins vite jusqu’à stagner sur l’ensemble du département. La première des causes est le vieillissement de la population.
Sur le plan national, selon l’ADEME, le taux de croissance de
l’artificialisation est 3,7 % plus important que la croissance
de la population française depuis 1981. Clic sur images
Selon l’article L.101-2-1 du Code de l’urbanisme, introduit dans le cadre de la loi « Climat et Résilience » du 22 août 2021 : « L’artificialisation est définie comme l’altération durable de tout ou partie des fonctions écologiques d’un sol, en particulier de ses fonctions biologiques, hydriques et climatiques, ainsi que de son potentiel agronomique par son occupation ou son usage. ».
L’artificialisation du territoire a des conséquences sur l’environnement. Elle engendre une perte de ressources en sol pour l’usage agricole et pour les espaces naturels. En imperméabilisant certains sols, elle peut notamment accélérer le ruissellement des eaux pluviales, accroître la vulnérabilité aux inondations et dégrader la qualité chimique et écologique des eaux. La destruction et la fragmentation des espaces naturels constituent également une menace pour la biodiversité.
Par ailleurs, l’étalement urbain affecte la qualité de vie. Les personnes doivent passer plus de temps dans les transports en commun ou davantage emprunter leurs véhicules motorisés, consomment plus d’énergie et amplifient leurs émissions de gaz à effet de serre et de polluants dans l’air. En cas de perte d’emploi, les salariés ont également d’autant plus de difficulté à renouer avec le marché du travail qu’ils sont éloignés des zones d’activités.
Bien que les dommages occasionnés par l’artificialisation soient différents selon le contexte de l’urbanisation (densification, étalement urbain ou mitage/constructions dispersées) et le contexte environnemental (zone inondable, réservoir de biodiversité, etc.), il n’y a pas d’indicateur défini rendant compte des différentes formes d’artificialisation. L’industrialisation des terres par les parcs éoliens et les parcs photovoltaïques qui est aussi une nouvelle forme d’atteinte à l’environnement, aux paysages et à la biodiversité, a donc le champ libre et peut avancer masquée avec la complicité de certains de nos élus.
Elle est en cours sur les terres agricoles des Pyrénées Orientales participant aussi à la dégradation de l’environnement et à la défiguration de notre patrimoine paysager. Pour en savoir plus :
Parcs éoliens et photovoltaïques Pyrénées Orientales
Il est scandaleux de constater que nos responsables politiques n’aient pas pris la mesure des enjeux climatiques, environnementaux et humains en approuvant ce SCoT. Le BTP et les industriels de l’énergie avec la complicité des élus, vont s’en donner à cœur joie. Nous allons donc assister, quasi impuissants, à la dégradation totale de la plaine du Roussillon (déjà bien engagée), pour laisser place à une immense conurbation constamment embouteillée et polluée, sur fond de paysages saccagés par les parcs éoliens et photovoltaïques avec, pour couronner le tout, une ressource en eau gravement compromise par les sécheresses récurrentes.
« La terre n’est pas un don de nos parents, ce sont nos enfants qui nous la prêtent. » Proverbe indien