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147 arbres vont être abattus à Perpignan par arrêté préfectoral

La raison de cette éradication programmée est liée à un projet de requalification de la rocade sud visant à améliorer les conditions de circulation sur le secteur en passant en 2×2 voies sur le tronçon de la RD914, entre le Mas Rouma et Mailloles, avec reconfiguration du giratoire de Serrat d’en Vaquer et sur la RD 900 entre Pollestres et Perpignan, Porte d’Espagne.

En ces temps de dérèglement climatique et de canicules successives, les édiles du département privilégient l’artificialisation du sol, au détriment des arbres. Cette décision va faciliter l’usage de l’automobile en augmentant le bilan carbone sans compensation puisque des arbres adultes anciens vont être abattus sur le tracé de ce projet.

DES POLITIQUES PUBLIQUES D’AM֤É֤NAGEMENT URBAIN INCOHÉRENTES !

La saturation de la RD914 ne date pas d’hier. Il y a bien trois décennies que le giratoire Serrat d’En Vaquer, desservant plusieurs directions notamment celle de la route d’Espagne, est saturé ce qui n’a pas empêché l’augmentation de la pression anthropique avec la construction de lotissements et de zones commerciales à sa périphérie.  A l’opposé, du côté du Mas Rouma et de la zone Balande, même constat avec Technosud et autres nouvelles infrastructures.

Il suffit de se référer au portail de l’artificialisation des sols des Pyrénées Orientales pour mesurer l’ampleur du phénomène de développement urbain sur tout le territoire.

Les deux derniers schémas de Cohérence Territoriale de la Plaine du Roussillon sont significatifs en la matière et le SCoT 2022-2037, ne déroge pas à la règle avec 818 ha d’infrastructures et de lotissements supplémentaires prévus.
Perpignan étant le centre névralgique des P.O, le déplacement pendulaire en est renforcé sans compter le passage des touristes, en période de vacances, notamment en été.

Il est regrettable que l’aménagement du territoire ne se fasse pas de concert entre tous les acteurs publics, les maires des communes, les intercommunalités et le Conseil Départemental, en charge des infrastructures routières. Cela aurait permis d’avoir une vision prospective et globale pour mieux coordonner la planification et améliorer son efficacité en intégrant les enjeux environnementaux et les spécificités écologiques pour répondre de manière plus adaptée au changement climatique.  L’environnement, la biodiversité, les corridors écologiques auraient pu être préservés et les raccords routiers successifs évités, le trafic s’avérant toujours aussi intense en suivant le rythme des nouveaux lotissements construits et l’augmentation de la population.

Il serait plus opportun de faciliter les mobilités douces et le renforcement des transports publics, trains et bus.

L’ARBRE EN VILLE, LA CINQUIÈME ROUE DU CHAR !

Pourtant, les arbres purifient l’air et ont un effet de climatisation ambiante et de ventilation. Les décideurs de ce département ignorent-ils qu’ils améliorent et protègent la structure des sols en limitant leur appauvrissement et les risques d’érosion ? Ne savent-ils pas que les arbres préservent la qualité de l’eau et régulent l’eau qui y séjourne, réduisant ainsi les risques d’inondation et de débordement des égouts pluviaux ? Leur choix de 2×2 voies sur RD914 et RD900 détruit aussi les boisés urbains qui embellissent le paysage bordant les voies de circulation urbaine et assurent une fonction essentielle pour le maintien de la biodiversité par la présence d’une flore et d’une faune qui n’existeraient plus sans eux.

C’est un patrimoine arboré qui va disparaître.

On nous parle de compensation !  522 arbres, vont être plantés, peut-être même, si tout va bien, on arrivera à 672 arbres ! Cette promesse tape à l’œil ne se fait pas en un clin d’œil et rien ne garantit qu’elle puisse être effective. En tout état de cause, l’abattage massif des arbres privera le secteur Sud de Perpignan de puits de carbone conséquents sur une longue période en attendant que les nouvelles plantations se développent pour autant que les phénomènes météorologiques extrêmes et la pollution le leur permettent.

 « Dix jeunes arbres ne remplacent pas un vieux : un quart de siècle au moins sera nécessaire avant que la dépollution atmosphérique ne retrouve son niveau initial ; en attendant, toute une génération de jeunes urbains va devoir vivre sous un “ciel de pétrole“ Francis Hallé, grand connaisseur des arbres 1

D’autre part, les arbres anciens adultes sont plus adaptés et ont plus de chances de résister aux aléas du changement climatique et aux sécheresses récurrentes contrairement aux jeunes arbres nouvellement plantés qui ont plus de difficultés à survivre et à atteindre une croissance normale.

DÉFICIT D’ANTICIPATION DE LA PRÉSERVATION DU TERRITOIRE ?

Ce choix d’éradication des arbres, pris par le Conseil Département avec l’aval de la Préfecture des Pyrénées Orientales, va à l’encontre du bon sens qui voudrait que l’on préserve la nature urbaine pour anticiper l’avenir incertain et plutôt pessimiste des futures conditions climatiques des Pyrénées Orientales. Selon certains experts, elles penchent inexorablement vers la semi-aridité..  A Carcassonne on végétalise la ville pour s’adapter au réchauffement climatique, à Perpignan, on abat les arbres pour des aménagements routiers.



La brochure LABO P.O du Conseil Départemental « Agir ensemble pour demain » censée faire du territoire un laboratoire de solutions climatiques ne serait-elle qu’opportuniste ? On peut le penser, parce qu’abattre 147 arbres pour développer une rocade n’est pas en phase avec la gestion durable des ressources naturelles prônée dans les objectifs affichés.

Nous avons bien compris que la bascule climatique reste une vue de l’esprit pour nos décideurs locaux qui vivent encore dans une époque révolue.  Ils continuent à prioriser le toujours plus d’artificialisation des sols, d’industrialisation des terres avec les parcs photovoltaïques au sol et les éoliennes qui « fleurissent » tous azimuts sur le territoire et de développement d’infrastructures routières au mépris de l’environnement, de la biodiversité, du tarissement des ressources en eau, des lois de l’environnement, du bien-être des habitants et de l’intérêt général de ce département.

« Les arbres sont d’admirables alliés pour faire face au réchauffement climatique, à la raréfaction des ressources en eau potable, à la pollution atmosphérique, à l’érosion des sols, à la perte de biodiversité, la paupérisation rurale, etc »

1- Du bon usage des arbres – Un plaidoyer à l’intention des élus et des énarques, Actes-Sud, 2011

2 commentaires sur “147 arbres vont être abattus à Perpignan par arrêté préfectoral”

  1. Honte à Perpignan. tous les arbres ont disparus, plus de verdure. les quelques arbres qui restent sont emprisonnés dans un horrible carré plastique mazout afin qu’ils crèvent plus rapidement, voir début de la rue du Castillet, il ne reste que le plastique. voyez la place de la République, une honte, ils ont mis des arbres pas du tout fait pour une place, ils crèvent tous. A Paris la verdure est dans toutes les rues et arrondissements, à Saint Cyprien c’est une merveille d’arbres, tandis qu’à Perpignan bientôt on ne pourra plus respirer … grande tristesse….

    1. Merci pour votre message. Oui, il est honteux de priver les villes des bienfaits des arbres, en les abattant. Il faut que cela cesse. C’est désolant, en effet, ce qu’il se passe à Perpignan ! Restons vigilants !

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