Aller au contenu

Photovoltaïque dans les Pyrénées Orientales; lettre à Monsieur le Préfet…

Monsieur le Préfet,  

Après avoir alerté en juin dernier sur la menace de centrales solaires susceptibles d’envahir par milliers d’hectares les espaces naturels agricoles et forestiers du département, nous voilà, dans un premier temps, plutôt rassurés. La carte ne présente plus que quelques taches rouges « réduites » à 217 hectares. Forêts et garrigues sont à priori préservées, de même que les zones montagneuses et les vallées. On apprécie les recommandations de la préfecture concernant la protection des paysages, l’interdiction de terrassement, le choix des clôtures,  la préservation des petites parcelles de moins de 10 hectares et des haies. Toutefois, nous aurions aussi souhaité :  

  • Que la Chambre d’agriculture du 66 fasse un choix similaire à celles de l’Ardèche ou de l’Aveyron qui ont courageusement interdit toute centrale photovoltaïque sur les ENAFs, en priorisant exclusivement les zones artificialisées.
  •  Que les 217 hectares de surfaces identifiés soient d’abord transférés sur les toits des très nombreuses zones commerciales et les parkings du département.  
  • De s’en tenir a maxima à la liste de l’article R111-58 du code de l’urbanisme
  • D’exclure les plans d’eau qui abritent des espèces animales et végétales, et forment des puits de carbone.   
  • D’exclure tout projet photovoltaïque du PNR des Fenouillèdes. En effet, à la lecture de la charte sur l’accompagnement de ces projets, vouloir concilier le développement de ces installations industrielles en pleine nature avec la protection de la biodiversité imposée par les textes apparait acrobatique et contradictoire (Cf « les projets situés dans les « Espaces de biodiversité remarquable reconnus », feront l’objet d’une attention particulière, compte tenu des enjeux écologiques identifiés. Les projets ne devront pas porter atteinte aux espèces de faune et de flore patrimoniales, notamment sur la réduction de leurs habitats. Il s’agit également de garantir le maintien des continuités écologiques »). Les centrales solaires sont des projets industriels, qui pourraient d’ailleurs entrer dans la catégorie ICPE, et comme tout projet de ce type, ils ont un impact non négligeable sur l’environnement (Voir le rapport du CNPN 2024). Autoriser ces installations dans des zones naturelles sensibles va nécessiter une vigilance accrue de l’administration qui n’a pas les effectifs pour, ainsi que celle des associations écologistes locales débordées par les multiples atteintes à l’environnement sur le territoire. Pour rappel, le rapport de force est inégal avec d’un côté des industriels dotés d’un appui juridique conséquent, et de l’autre des associations tenues par des bénévoles et disposant de peu de ressources financières.   
  • Informer la préfecture sur l’impact durable des centrales solaires sur les fonctions écologiques des sols qui est déjà documenté (Voir les rapports de la LPO et du CNPN), ainsi que sur leur incompatibilité avec une activité agricole. On citera notamment la perte de luminosité, le faible écoulement de l’eau, la hausse des températures, la pollution par les panneaux, l’appauvrissement des sols etc. En outre, des études de l’INRAE indiquent qu’au-delà de 10% de couverture, les rendements baissent. En vertu de ces connaissances, les autorités administratives ne devraient pas se reposer sur l’ingénu article L111-30 du CU pour autoriser des projets pv dans les ENAFs.  
  • Porter à votre connaissance le risque incendie que constituent les installations photovoltaïques dans des espaces naturels de plus en plus secs. Certaines préfectures ont d’ailleurs déjà interdit des projets à ce titre, sur base du principe de précaution.
  •  Vous signaler que le photovoltaïque au sol, contrairement à ce qui est véhiculé, participe au réchauffement climatique car il émet 4 fois plus de Co2 pour sa fabrication et son installation qu’il ne permet d’en économiser durant ses 30 ans de vie (Voir les rapports d’Edf, du CRE et de l’Ademe)
  • .Connaitre les critères sur lesquels se sont basés les auteurs du document pour choisir les quelques parcelles à vitrifier. Qui en sont les propriétaires ? Quels sont leurs liens avec la Chambre de l’agriculture, le syndicat agricole majoritaire ou encore les entreprises en EnR ? Les retombées financières de ces projets vont-elles profiter aux communes ?
  •  Que les habitants soient avertis que le département peut potentiellement être couvert de panneaux solaires, via les projets agrivoltaïques qui ne font pas partis du document. A ce sujet, la coalition Viure interpelle la préfecture sur les nombreux projets déjà en cours et qui, pour plusieurs d’entre eux, ne reçoivent aucune culture, ce qui est illégal. Plusieurs grosses familles exploitantes locales multiplient les faux projets agrivoltaïques. Des parcelles sont terrassées et défrichées sans que les habitants ne soient avertis. Cette situation entraine des conflits, couplés de menaces ou d’intimidation de la part des porteurs de projets. La multiplication des centrales solaires porte atteinte non seulement à la biodiversité, aux sols, aux paysages et au cadre de vie, mais aussi à l’ordre public.   

Nous espérons, Monsieur le Préfet, que notre avis sera entendu et nous tenons à votre disposition pour toute rencontre éventuelle avec vos services.  

La coalition Viure

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

7 − 3 =