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L’érosion côtière du littoral catalan : ambiguïtés et contradictions des politiques publiques locales

En 2025, l’érosion rapide des plages catalanes n’est pas due seulement à l’augmentation du niveau marin encore marginale, mais surtout à l’artificialisation du littoral et des fleuves et, en particulier, aux ouvrages portuaires qui bloquent le transit naturel des sables et aggravent le recul du trait de côte.

Depuis les années 60, la course aux aménagements touristiques a fragmenté et artificialisé le littoral, en dépit d’alertes répétées. Pourtant, en 2025, on continue de soutenir des projets d’extension portuaire présentés comme une « lutte contre le dérèglement climatique », alors qu’ils ne feront qu’aggraver ses effets sur le littoral.

Il est urgent de reconnaître cette responsabilité humaine et d’ouvrir un débat public sur l’avenir des ports et la protection durable du littoral catalan.

L’Observatoire de la Côte Catalane

Depuis 2013, les collectivités locales ont mis en place l’Observatoire de la Côte Sableuse Catalane (ObsCat). Présenté comme un outil d’alerte sur l’érosion et le recul du trait de côte, l’ObsCat se veut un appui à la connaissance et à la décision :

« Un outil de connaissance et d’aide à la décision sur le littoral sableux catalan, à l’échelle pertinente de l’unité hydro-sédimentaire entre le Racou (Argelès-sur-Mer) et Cap Leucate. » — obscat.fr

Pour sensibiliser le public, l’ObsCat a produit 11 vidéos mises en ligne pour aider les citoyens à mieux comprendre le fonctionnement du littoral sableux et les risques d’érosion et de submersion marine.
 Voir les vidéos

La dérive littorale : Un point de départ contesté

Le Collectif Associatif pour la Sauvegarde du Patrimoine Argelésien (CaSPA) s’interroge sur le choix du Racou comme point de départ officiel de cette « unité » de côte. Selon lui, la vidéo 1 de l’ObsCat aurait dû s’intituler « du Tech au Cap Leucate » et non « du Racou au Cap Leucate ».

Pourquoi ? Parce que le sens de la dérive littorale sédimentaire n’est pas uniforme sur tout le secteur :

Mais entre le Tech et les rochers du Racou, sur environ 6 km, elle s’inverse en Nord-Sud.

Du Tech au Cap Leucate, la dérive est globalement Sud-Nord.

 

Ce détail est essentiel : il change toute l’analyse de l’érosion au Racou et de la responsabilité des aménagements portuaires. Un diagnostic erroné entraîne inévitablement des conclusions erronées.

Or cette erreur — signalée à plusieurs reprises à l’ObsCat et au BRGM — figure toujours dans la vidéo 1 et dans plus de 40 publications officielles. Ce choix apparaît, aux yeux du collectif, comme une manière de minimiser la responsabilité du port d’Argelès dans l’érosion du Racou.

Pourtant, la dérive Nord-Sud entre le Tech et le Racou est confirmée par deux thèses de doctorat, deux expertises judiciaires, plusieurs rapports scientifiques, une publication du CEREMA en 2020.

Pour approfondir cette critique, on peut consulter l’article de Frene 66 concernant les vidéos de l’ObsCat, rédigé par l’Association pour la Sauvegarde du Racou  :
Opération Greenwashing sur le littoral catalan

Une communication sélective et des intérêts en conflit :

Pourquoi l’ObsCat entretient-il la confusion sur le sens de la dérive littorale ? Pourquoi ses supports pédagogiques mentionnent-ils si peu l’impact des ports et de l’artificialisation du littoral, pourtant reconnus comme facteurs majeurs de l’érosion ?

La réponse à cette question est dans le mélange des genres propres à certaines de nos politiques publiques locales ! Il se trouve que :

  • Le maire de Sainte-Marie-la-Mer, président de l’ObsCat (Observatoire de la Côte Catalane) et de l’Association des Maires du département, annonce l’extension de son port (de 437 à 1040 places), alors même que les infrastructures portuaires aggravent l’érosion de sa plage…..tout en appelant à la solidarité nationale pour financer la protection de son littoral.
  • L’ObsCat, loin d’être un outil neutre et scientifique, minimise l’impact des ports sur l’érosion. En manipulant sciemment dans ses rapports le sens de la dérive littorale sur la côte argelésienne, il tente ainsi d’exonérer le port d’Argelès de toute responsabilité dans l’érosion chronique du Racou.
  • Le président du Parc Naturel Marin du Golfe du Lion, également à la tête de l’Union des Villes Portuaires d’Occitanie (UVPO), soutient toutes les extensions portuaires et même la modification du périmètre Natura 2000 à Argelès — en contradiction avec sa mission de protection de la biodiversité.
  • La Commune d’Argelès met à la disposition du Parc Marin, pour y installer ses bureaux administratifs, un immeuble flambant neuf directement sur les quais, avec salle de conférence de 500 places et parking privatif. Cette nouvelle construction, évidemment soutenue par le Parc Marin et l’OFB, lui permet de relancer l’urbanisation du port vers le Racou, pourtant bloquée jusqu’ici par un arrêt du Conseil d’État.
  • Le projet d’agrandissement du port d’Argelès, estimé à plus de 60 millions d’euros, est soigneusement découpé en plusieurs phases pour éviter une étude d’impact environnemental globale. La création d’une SEMOP (Société d’Économie Mixte à Opération Unique) pour sa gestion ressemble à une privatisation déguisée éloignant les décisions des citoyens.

Des choix économiques au détriment de l’environnement et du littoral.

De toute évidence, certaines communes et collectivités littorales privilégient les intérêts économiques immédiats au détriment de la préservation de l’environnement.

Elles jouent sur deux tableaux :

  • D’un côté, elles alertent sur les dangers du changement climatique et du recul du trait de côte pour obtenir des financements publics.
  • De l’autre, elles poursuivent sans scrupule la construction en zones sensibles et l’extension de ports qui aggravent l’érosion.

Face à ces contradictions, il est urgent d’exiger des politiques publiques cohérentes, transparentes et réellement adaptées aux enjeux du changement climatique et de la protection du littoral.

Et pour alimenter le débat et la compréhension de l’érosion du littoral et de ses conséquences, on se référera à la conférence de Raphaël Certain dans le cadre du colloque Environnement Climat Méditerranée organisé à Port- Vendres du 25 au 28 juin 2025 :

« Dynamique sédimentaire des côtes sableuses et changement climatique en méditerranée » :
@ Raphael Certain – Conférence du 25 juin 2025
clic sur images

Colloque Mare Nostrum Environnement & ClimatPort-Vendres
Conférence de Raphaël Certain du 25 juin 2025 :
https://www.facebook.com/share/v/1FzSBp6ura/

@Raphaël Certain

Le Racou 2020

 

 

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