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La mort est dans les prés; 367 bovins ont été euthanasiés dans les Pyrénées Orientales,

tous les autres sont en sursis, les éleveurs ruraux sont traumatisés.

Un grand silence règne dans nos campagnes… En Conflent, dans les Aspres et le Haut-Vallespir, le son des cloches des vaches s’éteint sur les pâturages tandis que le désespoir et l’angoisse s’installent chez les éleveurs du pays. La Dermatose Nodulaire Contagieuse rôde et avec elle, la mise à mort des troupeaux pour un seul cas détecté de DNC, décidée par l’Etat français.

DERNIERS MOMENTS Passés ENTRE LES éleveurs ET LEUR TROUPEAU

Thuir
Troupeau de 40 bovins
Dernier adieu de Maxime – Gaec del Rey
Souanyas
Jeff perd 15 vaches pour un cas positif à la DNC
Valmanya
Job avant l’abattage d’une quarantaine de vaches pour un cas détecté positif à la Dermatose Nodulaire
Thuir
Mathilde – Gaec del Rey
Dernier adieu à Maya, Ghilaine, Odyssée, Oasis, Occitane, Pensée; Reine et les autres
Vallée de la Carança
Le troupeau de Sébastien avant l’abattage de ses 40 vaches pour un cas positif à la DNC, sans aucun symptôme
Valmanya
Janne enlève les cloches des vaches de son troupeau avant l’abattage. Elle perd 23 vaches et 20 veaux soient 90% de son cheptel, en bonne santé

La politique de l’abattage total est- elle justifiée pour Éradiquer la Dermatose Nodulaire Bovine ?

Si la perte de leur troupeau est un traumatisme profond pour les éleveurs, une partie de la population est choquée par la décision du gouvernement d’euthanasier des animaux sains pour quelques cas, parfois un seul, contaminés par la Dermatose Nodulaire Contagieuse au sein d’un lot.

Les éleveurs, les gens ne sont pas les seuls à se poser des questions, certains scientifiques et professionnels de la santé animale s’en posent aussi et ont cherché à comprendre les tenants et aboutissants d’une situation entraînant la mort de centaines d’animaux sains :

Hélène Banoun, pharmacienne clinicienne, ex-Insern a fait une enquête après l’apparition en juin 2025 en Savoie, Haute Savoie et l’Ain du virus de Dermatose Nodulaire Contagieuse. Elle partage ses recherches avec Coralie, une vétérinaire rurale de terrain ayant été confrontée à la maladie dans sa région, en Haute Savoie et faisant partie du Groupement d’Interventions et d’Entraide Zone Verte (GIE Zone Verte) :

Malgré l’abattage total, la maladie se répand, preuve en est, dans les Pyrénées Orientales, où le nombre de foyers se multiplient en dépit du « dépeuplement » des troupeaux. Nous sommes confrontés à une politique sanitaire très court-termiste par les mesures d’abattage ou d’euthanasie en cours ; on ne cherche pas, manifestement, l’immunité de population et une résistance et résilience des troupeaux pour l’avenir. On cherche à protéger le statut « indemne » du pays pour continuer les exportations, quoi qu’il en coûte, même si la vie de centaines d’animaux sains en dépend et avec des conséquences dramatiques sur l’économie locale, au détriment des petits éleveurs bovins atterrés par la violence de subir, par obligation, l’euthanasie de leur troupeau, « manu militari ».

@Conseil Scientifique Indépendant du 11/9/2025

La Dermatose Nodulaire Contagieuse est une maladie virale qui atteint les bovins, les zébus et les buffles d’eau. La période d’incubation varie de 4 à 14 jours, elle peut atteindre un mois. Elle n’est pas transmissible à l’homme ni par contact avec des bovins infectés, ni par la consommation de produits, ni par piqûres d’insectes vecteurs. La morbidité de la DNC est évaluée entre 10 et 20 % et la mortalité est généralement faible de 1% à 5% (agriculture.gouv.fr)

@Conseil Scientifique Indépendant du 11/9/2025

Malgré les recherches faites par Hélène Banoun, l’origine du premier foyer infectieux, dans la région autour de la Savoie, reste à déterminer. Deux enquêtes épidémiologiques sont en cours pour déterminer l’introduction de la DNC en France. Les vecteurs de la transmission de la maladie sont des insectes piqueurs, notamment la mouche d’étable et le taon. L’importation par matériel génétique est possible. Il s’agit d’un virus résistant qui peut rester viable de longues périodes dans l’environnement.

@ Conseil Scientifique Indépendant du 11/9/2025

L’arrivée de la maladie était prévisible en France en raison des mouvements de bétail,  de l’insémination artificielle et de vecteurs susceptibles de la transmettre. Le rapport 2017 de l’ANSES (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire) recommandait de surveiller les semences dans le cadre de l’insémination artificielle et de renforcer la traçabilité des mouvements d’animaux vivants.
Si certains pays indemnes du virus ont mis en place des mesures de prévention, la Croatie par exemple, seul pays des Balkans n’ayant pas été touché par la DNC, a opté pour la vaccination préventive et aucun abattage, en cas d’arrivée de la maladie. La France, par contre, n’aurait rien prévu selon une publication coréenne de 2023 – Eom 2023 J.Vet Sci @Conseil Scientifique Indépendant

Réponse des autorités face à la dermatose Nodulaire bovine, en france
et ailleurs :

La réponse des autorités françaises à l’arrivée de la maladie est ; pas de traitement, abattage total des troupeaux, vaccination des zones touchées.
En Inde, les animaux sont traités par différents médicaments notamment l’ivermectine, en Egypte par la propolis.

@Conseil Scientifique Indépendant du 11/9/2025

Hélène Banoun n’a pas trouvé, dans ses recherches, les deux décisions d’exécution de l’EU concernant la France sur le sujet, l’une le 03 juillet 2025 , non publiée, et une seconde le 20 juillet 2025 contrairement à celles de l’Italiel’abattage total n’est pas préconisé. Par contre, il y a des zones d’ombre quant au changement du passage partiel à l’abattage total en Sardaigne. L’Académie Vétérinaire de France a édité un document le 11 juillet 2025 avec des recommandations, il n’est pas question de dépeuplement (abattage total).
Les règlements européens 2012-2023 laissent le choix aux états (abattage d’animaux malades ou total).

@Conseil Scientifique Indépendant du 11/9/2025

Dans les Balkans en 2016-2017, la Grèce a abattu 16% des animaux, en Bulgarie 96%, aucune résurgence de la maladie. La Turquie et Israël ont pratiqué l’abattage total, la maladie est revenue. Ce ne serait pas l’abattage total qui endigue la maladie mais la vaccination, la place à l’immunité naturelle et le contrôle des mouvements.

PROPHYLAXIE :

LA DÉSINSECTISATION SYSTÉMATIQUE :

II n’existe actuellement aucune preuve de l’efficacité de la lutte contre les vecteurs de la maladie. Les insecticides ont une forte écotoxicité et pourraient entraîner une destruction de tous les insectes auxiliaires nécessaires à la ferme, les bouviers, les pollinisateurs, d’autres familles d’insectes et d’invertébrés. D’autre part risque de développement d’une résistance des insectes à ces produits.
@Conseil Scientifique Indépendant du 11/09/2025

LA VACCINATION :

La vaccination est une solution dans les conditions économiques que nous vivons. Les vaccins OPB et Lumpyvax Merx ont montré leur efficacité au cours de l’épidémie dans les Balkans.en 2016-2017. Échecs vaccinaux possibles avec d’autres types de vaccin (Haegeman 2021)

@Conseil Scientifique Indépendant du 11/9/2025

Dans un monde sans contraintes économiques, on pourrait laisser les animaux s’immuniser. Euthanasier les animaux très malades, soigner et laisser faire l’immunité pour ceux dont la maladie est atténuée. A long terme cela serait la solution idéale mais il y a des difficultés pour la filière bovine soumise à une pression des échanges commerciaux, à l’export des broutards et des produits carnés et laitiers français.. Les vaccins sont donc la meilleure solution, sous certaines conditions, cependant :

En Haute Savoie, 3 semaines après la vaccination a été constaté une forte baisse du taux d’animaux malades, en parallèle d’une immunité naturelle qui s’est instaurée, selon Coralie, vétérinaire rurale. Il y a eu des réactions vaccinales pendant quelques jours, certains ont fait une maladie atténuée.
Dans la région, des animaux immunisés ont été tués.

@Conseil Scientifique Indépendant du 11/9/2025
CONCLUSION :

La mise à mort d’animaux sains, en grand nombre, est particulièrement choquante au prétexte d’éradiquer une maladie. Les maladies humaines, au cours de l’histoire, ont été éradiquées par des traitements médicamenteux et par la vaccination. On ne tue pas un malade ! Les serments d’Hippocrate et de Bourgelat pour les vétérinaires appellent l’humanité et le respect du vivant : éthique, dévouement à la médecine et au bien-être des patients, pour le premier ; intégritécompassion et respect de l’animal, pour le second. Avec l’euthanasie de bovins sains par centaines, nous assistons à de la barbarie.

Le comble est que ces massacres touchent essentiellement, dans les Pyrénées Orientales, l’élevage extensif. Un modèle d’élevage qualitatif privilégiant les ressources naturelles et la qualité de vie des animaux. Les animaux sont élevés en plein air, avec un accès permanent à des pâturages, ce qui améliore leur santé, leur fertilité et leur longévité. L’alimentation est principalement herbagère, avec une faible utilisation de concentrés, ce qui réduit les coûts et les impacts environnementaux. L’élevage extensif favorise aussi l’ouverture des paysages et la mosaïque paysagère bénéfiques pour la faune et la flore sauvages. Qui sait si la rusticité des races bovines du département et les bonnes conditions d’élevage leur auraient permis, peut-être, d’être résilientes à la DNC ? En tout état de cause, c’est l’économie locale qui est impactée et avec elle, les bons produits fermiers.

Le Conflent, les Aspres et le Haut-Vallespir sont en deuil de leurs vaches. Les habitants et les éleveurs sont bouleversés et révoltés par la violence de cette politique sanitaire destructrice dont les raisons restent floues et non avérées.

L’objectif serait peut-être de favoriser, avec l’aide du syndicat FNSEA, l’industrialisation de l’élevage bovin ? Il est clair que les fermes d’élevage intensif, des bâtiments fermés en général, bourrées d’insecticides doivent avoir rarement la visite d’insectes volants, vecteurs de la DNC. Les animaux enfermés jours et nuits, sans pouvoir se déplacer et exploités jusqu’à la corde, soumis à des antibiotiques pour accélérer leur croissance autant que pour prévenir les maladies liées au stress et à la densité animale, peuvent être à l’abri, pour le moins, de la Dermatose Nodulaire Bovine. Mais quel bien-être et quelle vie ont 400 vaches laitières et 800 bovins à l’engraissement dans une telle exploitation ?.

« On peut juger de la grandeur d’une nation et ses progrès moraux par la façon dont elle traite ses animaux » Ghandi.

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